L’Ange noir…

Un Ange de vingt ans
de vingt ans mon cadet
est passé dans ma vie.
Sur une plage blanche
l’Ange était assis là
confiant au soleil
en murmures étranges
ses rêves d’enfant noir.

Voir un jour à Paris,
Amsterdam ou Berlin,
des arbres de Noël.
Sur les Champs Elysées,
entrer dans les boutiques
et tout y acheter,
des chaussures vernies
et des montres dorées.

L’Ange était assis là,
dans sa voix des caresses,
dans ses yeux des promesses,
sur sa peau des ivresses.

Un Ange de vingt ans
de vingt ans mon cadet
n’attendait que ma main
et mon amour, peut-être…

Ange noir,
ne deviens pas un homme.
As-tu vu mes cheveux?
La neige y est tombée,
ces rides sur mon front
sont le prix que l’on paie
à Paris, Amsterdam ou Berlin,
à bâtir chaque jour
une vie de chimères.

Sur la pointe des pieds,
je suis repartie seule
sur les Champs Elysées,
mes boulets aux chevilles
mes chaînes aux poignets,
dilapider mes ors
en futiles emplettes.

Dans le froid de l’hiver,
j’ai allumé un feu
au pied du sapin vert
pour tenter de briser

la glace sur mon cœur…

Commentaires

  1. PierreJ.:
    A vivre dans le dénuement complet, qu' y a-t-il d'autre que le rêve et les secrets envies.
    Une vie de chimère est peut être plus supportable après tout!
    Ton texte pose en effet la question Alex.

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  2. Pritos:
    Très beau texte!
    L'ange s'égare, il est vrai, sur des terres qu'il croit faciles, mais qui sont salement gâtées par le manque d'âme...
    Puisse-t-il se le construire lui-même en vrai, son eden..

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  3. Lacape/Domi:
    C'est le rêve d'un peu tous les ressortissants de pays pauvres, moi qui voyage beaucoup et souvent dans les pays pauvres, je suis confronté à ce genre de choses...C'est triste cet état de fait. Tu l'as bien fait ressentir ! bravo ! c'est concis et émouvant aussi...

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  4. Flor:
    Les chaînes de l'une, les chaînes de l'autre...Un très beau poème, touchant et à la fois réaliste....

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  5. Hect.:
    Nous rêvons tous de ponts au dessus de ces gouffres réputés infranchissables. Les uns dans un sens et les autres dans l'autre.
    La fortune des uns est l'infortune des autres et l'on ne sait plus bien s'il faut rire ou pleurer de tout ce "melting pot" jamais trop mélangé.
    L'injustice est ici-bas monnaie si courante…
    Et le fond et la forme. Merci.

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  6. Sylvie F.
    Chuuuuuuuutttttttt. .. Sur la pointe des pieds je murmure des petits sons pour ne rien déranger de vos jolis mots et ne pas tâcher votre dentelle ajourée de mes maladresses inutiles.
    "Futiles emplettes " dérisoire attrait dans le froid de la nuit.
    Merci

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  7. Alice M.:
    Toujours et encore ce même plaisir à lire vos textes Alexienne...

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  8. Eric D.:
    oh Alexienne !! comment ne pas acquiescer à ce terrible constat .... tant que notre dégoût ne sera pas assez fort, nous continuerons à "dilapider mes ors" sans un regard sur cette plage ...

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  9. Mina:
    Voici ce que m'a écrit une copine à qui j'avais passé ton texte:

    "Merci Mina
    J'admire toujours les gens qui osent montrer ce qu'ils écrivent! "

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  10. Patricia:
    Quelle nostalgie ! Toujours bien écrit.

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  11. Denise:
    Vingt ans de "différence"...mais chemin vers " L'Indifférence"
    C est beau ce que tu écris ...

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