La valse - Camille Claudel
Etourderie
Divine…
Et Dieu créa la femme…
Par
un jour de grisaille
et
de langueur palpable,
dans
de la terre glaise, Dieu
imagina
donner
à
ses compagnons mâles
une
passion nouvelle,
une
perle à aimer.
Je
la veux belle et tendre
discrète
comme carpe
attentive
docile
d’une
grâce émouvante.
D’amphores
et de lyres
il
para la statue,
remodelant
les formes
il
marqua les cambrures.
L’entreprise
prenait
agréable
tournure.
Mais…
craignant
de Nature
revers
voire colère
le
Bon Dieu hésita,
tempéra
ses ardeurs.
La
nuit portant conseil
remit
au lendemain
ce
qu’il considéra,
légèrement
peut-être
comme
un présent Divin.
Après
long bâillement
Il
opta pour un somme
et
abandonna là,
malencontreusement
son
ébauche de femme.
Et Satan l’anima…
Satan
passait par là :
«
Sur ma foi que voilà
envoûtante
déesse.
J’y
vois belles promesses
de
luxure et débauche.
Mes
foyers désertés
regorgeront
demain
d’âmes
en perdition
par
milliers par millions ».
En
vices et malices
exacerbe
la croupe
fuselle
les jarrets,
de
creux et de vallons
il
marque les chemins
d’aguichants
abandons.
Sur
les seins bien trop sages
deux
tétons arrogants
frémissent
d’impatience,
feignent
timidité,
n’en
sont que plus tentants.
Pour
l’ultime estocade,
troque
enfin les sabots
contre
fins talons hauts,
lacets
à dénouer
comble
d’exaltation.
Satan
est sous le charme :
«
Viens ici ma Tigresse,
que
de charbons ardents
j’allume
tes grands yeux,
tes
pupilles de braise
devraient
faire le reste ».
Mais les angelots…
Au
matin les apôtres
se
croient encor en rêve.
Quelle
est cette vision
de
monts et de merveilles?
Une
femme chantonne ?
Soieries
abandonnées
sur
une couche tiède?
Elle
est nue dans son bain ?
Dans
son sourire,
Eden
et Purgatoire
se
fondent et se désirent ?
Au
Paradis, panique!
Les
angelots pudiques
replient
leurs ailes blanches
sur
le signe visible
de
leur premier émoi.
A
l’heure du repas
refusent
leur potage
boudent
leur chocolat,
réclament
en dessert
une
pomme à croquer…
Et Jésus s’inquiéta…
Cris
et charivari
début
d’apocalypse
sous
les sifflets stridents
des
insidieux serpents.
Jésus
s’inquiète un peu :
«
Maladresse mon Père
qui
nous coûtera cher,
vous
nous mîtes je crains
dans
un troublant pétrin
dans
bien bel embarras
dans
de tentants jupons.
Créant
magnificence,
vous
crûtes en effet
votre ouvrage parfaire :
Une
Eve pour Adam,
fourreau
pour une épée,
la
glace pour le feu,
l’ombre
pour la lumière
Yin
et Yang accouplés,
Le
dessein est louable,
le
rêve ambitieux.
Ces
harmonies Divines
que
vous avez offertes
dans
élan généreux
sèmeront
je le crains
chaos
inextricable,
sacrilège
et vertu
tête
par-dessous cul,
confusion
d’assemblages
de
stratégies sournoises
de
guerres sans merci
de
subtiles tortures,
conquêtes
maléfiques
pour
la plus rare étoile
et
les plus violents spasmes.
Et
votre étourderie finira
vous
verrez,
par
nous envoyer tous
chez
Diable,
porte
à côté ».
La
tentation d'une belle femme peut causer votre perte, si vous avez de la chance.
Groucho Marx
Groucho Marx
Quand
cesse la tentation, la vertu n'est pas un exploit.
Proverbe
Danois
Marie M.
RépondreSupprimerWaouaW .... c est vraiment beau
Kate
RépondreSupprimerVersion inédite de et Dieu créa la femme....j aime beaucoup
Bravo
Denise
RépondreSupprimerMagnifiquement survolées en poésie, nos vies si tumultueuses et parfois si dures !!!!
André
RépondreSupprimerJoli poème Bravo
Pritos :
RépondreSupprimer(Soupir) Les cieux ont failli devenir enfin intéressants...
Quelle verve! Quel humour! Tu es la reine de l'hexasyllabe!
Galatea belga /Lilia :
Dans son sourire,
Eden et Purgatoire
se fondent et se désirent ?
Parfois sans équilibre
Tu es superbe !!!
Merci pour le plaisir de te lire.
Iron06:
RépondreSupprimerWaouh , celui là il vaut son pesant de cacahuètes. Un poil long mais complet et tellement vrai !!!!
Satan l’anima... mais c'est l'homme qui l'aima.
Pour sa perte ?
C'est possible. Peu importe. Il aime çà.
Irvinrtr:
RépondreSupprimerUn texte qui va au fond des choses. Bravo.
Joëlle:
RépondreSupprimerJ'adôôôôôre !