Séville, 17 heures, prière singulière…

Arènes de Séville
écrasées par les cris, 
une femme une mère
attend la gorge sèche
sur les gradins brûlants.

Dans le noir un taureau
s’interroge angoissé
sur les accents sauvages
des vivas, des olés.

Une porte qui s’ouvre
un soleil assassin
une sueur glacée.

Arènes de Séville
écrasées par les cris,
une femme un taureau
unissent leurs prières
aux portes de l’Enfer.

Moment tant redouté,
elle croise les doigts.
Pour la première fois,
son fils fuit la misère,
en habit de lumière.

Le taureau essoufflé,
s'arrête un court instant 
et plante son regard 
dans les yeux de la femme.

Instant de non-retour,
ils s'appellent au secours,
d'une même terreur 
leur destin est lié.

Un jeu de banderilles,
picadors acharnés,
quelques tâches de sang
sur le sable endeuillé.

L’homme et la bête
s’évaluent se reniflent
puis entament un ballet,
mystérieux corps à corps
dont l’issue ne peut-être
que la grâce ou la mort.

La mère et le taureau
halètent et manquent d'air.
Au milieu des paillettes,
l'épée leur troue le cœur. 

Mantilles et sombreros,
la bête s'agenouille 
dans un saint sacrifice.
L'enfant va triompher.

Arènes de Séville,
une femme une mère
révulsée de dégoût
baise son chapelet.

En hommage au taureau,
fait un signe de croix,
en refermant les yeux
confie son âme à Dieu…

Commentaires

  1. Denise
    Super !! on y est ! Et... on a si mal !!!!

    RépondreSupprimer
  2. Jean Luc
    En tant qu'aficionado et connaisseur des arènes de Séville dites "La Maestranza" j'ai apprécié ce poème

    RépondreSupprimer
  3. Rose Marie
    Absolument magnifique ! Fière d'être ton amie!

    RépondreSupprimer
  4. André
    Très beau poème de loin celui que je préfère

    RépondreSupprimer
  5. Pritos:
    Je partage complètement l'angoisse de cette mère et celle du taureau. Très émouvante mise en scène.

    RépondreSupprimer
  6. Darrit:
    Tu as très bien choisi l’angle
    Le taureau n’est pas le seul à s’interroger
    A ne pas comprendre cette fièvre

    RépondreSupprimer
  7. Dranem:
    Quelque chose de tragique dans ce texte , la vie et la mort mêlée, l'éternité sous le soleil des arènes de Séville !

    RépondreSupprimer
  8. Fred:
    Cette mère unit les deux sentiments qu’inspire la corrida : fascination pour certains, horreur pour d’autres, ou les deux à la fois. Je vis dans le Sud Ouest de la France mais je ne supporte pas ce « spectacle ».

    RépondreSupprimer

Enregistrer un commentaire

Posts les plus consultés de ce blog